Ceci est un téléphone (bis), pas un escroc


Notre smartphone est une inépuisable source d’escroqueries. Et il n’est pas facile de s’en protéger!

Le téléphone mobile est devenu un outil qu’il est presque impossible de ne pas avoir tout le temps sur soi. Du coup, c’est en permanence que la menace d’escroquerie guette, preuves en sont les multiples affaires dénoncées par la police et rapportée par les médias. Certaines laissent pantois tant la naïveté des victimes paraît énorme, d’autres donnent le frisson car elles sont suffisamment sophistiquées pour piéger à peu près n’importe qui, à commencer par soi…

La plus redoutable est certainement celle qui consiste bêtement à vous appeler en ne laissant sonner qu’un seul coup. Dès lors, le numéro inconnu va apparaître dans les appels récents et titiller votre curiosité. Et comme il commence, tout aussi bêtement, par un 021, 022, 026 ou 027, il fait «bien de chez nous». Donc, encore plus bêtement, vous allez le rappeler pour savoir ce qu’il vous veut. Sauf qu’il ne va pas vous répondre: il en est bien incapable, puis que c’est une machine qui gère tout ça. Machine qui va, en revanche, vous dévier, sans que vous puissiez le savoir, sur une ligne payante avec un message enregistré. Certes, vous n’y resterez pas longtemps mais il faut multiplier les quelques centimes, voire les quelques francs ainsi encaissés par l’escroc par les centaines, voire les milliers de personnes qui auront fait de même dans la journée…

Swiss Police

Moins élaboré mais visiblement toujours efficace, le soi-disant appel de la «Swiss Police» ou d’autres autorités, dont j’ai encore été le témoin la semaine dernière. Là encore, le numéro appelant commence par 079, 078 ou 076 pour éviter une première étape de méfiance. Sauf qu’en passant par internet, c’est un jeu d’enfants pour des hackers de transformer et afficher un faux numéro sur votre smartphone. Bon, c’est vrai qu’un policier qui vous parle (souvent) anglais donne un premier indice. Mais s’il se débrouille dans un mauvais français, il va vous expliquer qu’un de vos documents d’identité, votre compte SwissID ou votre compte bancaire présentent des irrégularités et tenter de vous extorquer des informations confidentielles ou demander un paiement. Il faut bien sûr immédiatement raccrocher et surtout n’appuyer sur aucun chiffre durant l’échange. Ce qui n’est, malheureusement, pas toujours le cas, tant s’en faut, selon la fedpol.

Bloquer: oui, mais…

Existe-t-il des moyens de se protéger et d’éviter ce genre de tentatives? Oui mais assez limités et souvent insuffisants.

Le premier consiste à bloquer systématiquement tous les appels qui ont tenté de vous abuser et qui ne pourront donc pas vous rappeler. Mais comme déjà expliqué, les escrocs sont des as de la bidouille informatique et disposent d’un nombre illimité de numéros, et peuvent donc continuer à vous importuner malgré votre blocage.

Le second est plus efficace: n’accepter que les appels des personnes qui sont dans votre répertoire. Il nécessite toutefois que vous y intégriez, ne serait-ce que provisoirement, les numéros susceptibles de vous rappeler sans être parmi vos proches (administration, commerçants, etc.). Et il présente le risque que vous ratiez un appel important, faute de savoir qu’il allait avoir lieu…

Les opérateurs tentent aussi de s’en mêler. Swisscom, par exemple, propose son système gratuit Callfilter qui se fonde sur une liste de spammeurs connus, constamment complétée grâce aux numéros bloqués par ses abonnés. Alors que son activation était jusque-là volontaire, l’opérateur a décidé le mois dernier de l’étendre automatiquement à toute sa clientèle. Cela dit, c’est loin d’être la panacée!

Et quand l’IA s’en mêle…

Autre sujet d’actualité: la perverse tendance des très puissants GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) à imposer à leurs quelques milliards de clients addicts le droit de siphonner leurs données personnelles via l’intelligence artificielle (IA). Le fameux petit cercle bleu violet qui est apparu au bas de votre écran WhatsApp sans que vous le demandiez en est la preuve la plus récente. Et impossible de l’éliminer! Donc, Monsieur Zuckerberg et son empire Meta (Facebook, WhatsApp, etc.) peuvent désormais «nourrir» leur IA en se servant allégrement dans les échanges et images que vous postez sur ses applications. Et là aussi, il n’est pas facile de se protéger. Lisez toutefois le récent article d’Anouch Seydtaghia dans Le Temps: «Comment empêcher Facebook, Instagram, ChatGPT ou LinkedIn d’utiliser nos données pour entraîner leur intelligence artificielle».

Bonne chance!


Rédigé par Christian Chevrolet

Ancien journaliste (Gazette de Lausanne, 24 Heures, Bon à Savoir, Tout compte Fait…) et auteur de plusieurs ouvrages scientifiques ou économiques, j’ai décidé de reprendre ponctuellement la plume (enfin le clavier de mon ordinateur…) pour partager quelques réflexions ou mes coups de cœurs sur Info Seniors Vaud.

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