La canicule et la sécheresse sont une chose, le manque d’eau en est une autre. Bien sûr, ces phénomènes sont étroitement liés mais ne suivent pas forcément la même évolution. La preuve: la sécheresse, en moyenne, a été moins importante cette année qu’en 2022, mais les nappes phréatiques sont bien plus basses, parfois même vides.
La Suisse s’en tire plutôt bien, le Sud de la France nettement moins. Jamais, depuis 25 ans que j’y séjourne une partie de l’été, je n’ai vu l’Orb,une rivière pourtant à fort débit, se transformer en une succession de poches alimentées par un vague ruisseau. Et dans la commune voisine, les autorités ont dû remplir les réserves avec des camions citernes pour assurer l’alimentation d’une partie du village en eau potable. Le plus inquiétant, c’est que tout le monde s’accorde pour dire que cela va bientôt devenir la norme.
Pourquoi de l’eau potable?
Utiliser moins d’eau, nous avons déjà découvert quelques astuces pour y parvenir (lire «Tout va à vau-l’eau», mars 2023). En voici d’autres qui permettent de l’utiliser plusieurs fois. Car il faut le rappeler: presque un quart des 170 litres d’eau consommés chaque jour par un citoyen suisse est utilisé pour les WC et l’arrosage du jardin. Dans un cas comme dans l’autre, pas besoin qu’elle soit potable. Dès lors, pourquoi ne pas récupérer l’eau de cuisine et de vaisselle ou celle de la douche et du lave-linge?
Pour l’arrosage du jardin
Dans cette perspective, nous avons installé, cet été, un grand saladier (5 l) dans le bac de l’évier. Il nous a permis d’arroser plusieurs fois par jour les arbustes du jardin, ce qui était interdit par les autorités avec l’eau du réseau. Sympa et utile, mais pas très pratique. Fort heureusement, d’autres y ont pensé avant nous. Il existe donc un système pas trop cher et facile à installer qui permet, en remplaçant la bonde d’origine par un système bidirectionnel, de diriger l’eau soit vers l’évacuation normale, soit dans un réservoir mobile de 10 l. Compter 70 fr. environ, trop-plein, tuyau de liaison et réservoir inclus.
Autre possibilité: récupérer l’eau de pluie de son toit en reliant le tube de descente à un réservoir posé à côté, où on ira ensuite puiser l’eau d’arrosage. Très simple à installer, efficace et pas cher (bac de 250 litres avec tout le matériel de montage dès 100 fr.), on en trouve un peu partout (taper «récupérateur d’eau de pluie» dans votre moteur de recherche).
Pour les WC
Pour recycler l’eau de la douche, de la baignoire et du lave-linge pour les WC, c’est évidemment plus compliqué et nettement plus cher, mais pas impossible. Un retraité français a mis au point un système aujourd’hui produit industriellement qui permet de récupérer l’eau «grise» de différentes sources et de la diriger par gravité vers un bac conçu pour être facilement confiné, où elle sera réinjectée en subissant plusieurs filtrages dans la chasse des WC grâce à une pompe. On s’en doute: l’installation est facile si elle a été prévue d’entrée (maison neuve), plus compliquée après-coup, les tuyaux de liaison devant idéalement passer dans une cave ou au moins un vide sanitaire. Le pack pour une famille de 6 personnes vaut 2000 fr, auxquels vont s’ajouter les frais de plombier. Je me demande dans quelle mesure ce genre d’installation ne va pas rapidement devenir obligatoire pour les nouvelles constructions…
Moins efficace mais facile à mettre en œuvre: poser un arrosoir à côté de sa douche, dans lequel on fera couler la moyenne de 2,5 l d’eau avant qu’elle devienne chaude. On pourra s’en servir pour l’arrosage aussi. Rien à voir avec les 40 à 80 l généralement utilisés pour une douche, mais c’est toujours ça d’économisé.
