Que sait-on d’un-e défunte ? Au moment de l’accompagner vers un monde espéré meilleur, que retient-on de lui(elle) ? La femme qui gît cet après-midi de printemps glacial, dans le cercueil en chêne bordé de gerbes, n’en dira plus rien, nous laissant à nos souvenirs partiels ou partiaux, à nos éventuels regrets ou nos tenaces rancœurs… On vient pour celui qui reste, histoire de montrer une certaine solidarité familiale ou amicale. Et pour celle qui est partie, on espère en savoir un peu plus, en écoutant le message du pasteur, forcément renseigné. Mais la déception est parfois au rendez-vous et le discours sonne creux ou ne fait que reprendre ce que l’on sait déjà, ce que l’on n’a jamais cru.
Qui était vraiment cette femme que l’on enterre aujourd’hui, cette femme qui se voit privée de son identité par le faire-part qui la désigne sous le prénom et le nom de son époux ? Au-delà des anecdotes, de ses qualités et ses défauts évoqués à la sortie de la chapelle, il ne reste que ce qu’elle a donné à voir de son vivant, ce qu’elle a inventé ou ce qu’elle a raconté de son passé embelli par ses soins. De quelles fêlures secrètes s’est-elle ainsi protégée ?
Nous voilà forcément renvoyés à notre propre mort et à ce que nous souhaiterions laisser en souvenir ? Sera-ce plus complet… exact… reconnu… vrai ? Quelle-s trace-s accepterons-nous d’offrir à nos proches ou à ceux que nous avons aimé ou fréquenté de notre vivant ?
Voici quelques interrogations inspirées par l’enterrement d’une parente par alliance….
So long, C **** !