Je ne dors pas

C’est venu insidieusement : une nuit un peu courte ici ou là, un réveil nocturne, un endormissement difficile…Puis un temps de « non dormir » qui s’agrandit, se répète, s’installe, grignote mon sommeil, au début ou dans la deuxième partie de la nuit.

Au début, l’endormissement se fit attendre : les images et pensées du jour précédent défilent dans le cerveau, comme autant de couleurs enchevêtrées sur la palette du peintre. Puis, ce fut le réveil à 4h du matin, souvent dû à un besoin pressant. Mais impossible de se rendormir : le cerveau s’extrait des rêves et carbure presque comme en plein jour.

La combinaison entre l’endormissement tardif et le réveil très matinal est redoutable : l’état zombie est garanti. Faut-il l’accepter pour obéir à l’adage qui veut qu’on dort moins quand on vieillit ? Mon malaise et ma fatigue refusent de se soumettre à cette fallacieuse injonction.

Je ne dors pas et j’en parle autour de moi. Aussitôt, conseils et recettes pleuvent sur ma pauvre tête : ne pas rester couché, se lever, lire (en particulier : Marie Darrieussecq  « Dormir »), marcher dans l’appartement, boire une tisane ou un lait chaud et sucré, se relaxer (bon sang : c’est bien ce que j’essaie de faire !).

Une ou deux nuits de répit et puis les insomnies reprennent leur cours fatal.

J’ai tout fait pour m’endormir, à la suite ou en alternance :

  • La boisson sucrée… et se brosser les dents après, ce qui enlève le bon goût du sucre.
  • Lire… si possible un livre ennuyeux ou difficile : crispant et contre-productif.
  • Les variations d’intensités lumineuses du Dodow… peuvent être efficaces une ou deux fois
  • La promenade nocturne et solitaire dans un appartement silencieux : résolument déprimante parce que dans l’immeuble TOUT LE MONDE dort ! Retour rapide sous la couette pour se donner l’illusion d’être couchée comme tout le monde
  • Changer de lieu de couchage : passer du lit au canapé du salon ou monter dans mon atelier …. Ça marche parfois
  • La musique planante dont le but est de vous rendre zen… Hélas, vous SAVEZ que  le CD s’arrête au bout de 40 minutes …et vous ne pouvez vous empêcher d’attendre cette fin…Non, je ne suis pas zen, je m’en doutais déjà.. voilà qui est confirmé.
  • En dernier recours, prendre une heure avant le coucher, une gélule phyto, combinant mélisse, valériane et houblon et censée garantir un endormissement rapide et un rendormissement au fameux passage de 04h du matin….A tester avant le somnifère présenté par la toubib à l’écoute de mon cas… Mon expérience est, à ce sujet, variable : un des comprimés a eu l’effet inverse et m’a complètement réveillée. Qu’est-ce qui cloche chez moi ??

Je ne dors pas….

Outre les effets délétères sur mon organisme et ma digestion, l’insomnie oblige d’écourter sa vie sociale : difficile d’expliquer pourquoi je baille dès 19h, au risque de vexer ceux qui vous ont invité à partager leur soirée…

Et c’est étrange : si le besoin de sommeil se manifeste AVANT d’aller au lit, il disparaît à peine entré dans le lit…

Comment gérer rendez-vous, voyages, engagements dans la crainte devenue permanente d’une nuit beaucoup trop courte ?

Nombre d’hommes et de femmes célèbres –  artistes, chefs d’État, militaires, politiques – souffrent d’insomnie. Savoir que tel ou tel se contentait de dormir 4 h ou qu’il/elle voyait dans l’absence de repos une source d’inspiration ou d’énergie créatrice, ne m’est d’aucune aide, même si je me sens un peu moins seule… Comment ils font pour prendre des décisions qui peuvent engager un peuple ou une nation ?

Je partage avec vous le dernier conseil qui m’a été donné : ne rien faire dans la journée qui précède la mise au lit… Rêve absolu et inaccessible de l’hyper actif ou du/de la/ travailleur/lleuse stressé/e. Ce n’est pas mon cas : je suis à la retraite et je ne conçois pas de journée sans entrer en contact avec le monde, les gens, la vie. Exister, quoi !

Je ne dors pas… Et vous ?


Rédigé par France de Goumoëns

Titulaire d’un master en droit, j’ai travaillé comme juriste jusqu’en l’an 2000.
Puis, j’ai changé totalement de voie et opté pour le théâtre et la peinture.
Après une formation au conservatoire de Genève, j'ai créé et animé un atelier de théâtre pour les enfants et ados. Diplômée post-grade en art-thérapie à la HES-SO de Lausanne en 2007, j’ai animé différents cours d’expression créative. Un espace de peinture est ouvert aux Seniors, dans mon atelier l’Orée.
Conteuse et slameuse, je suis membre active de l’Oreille qui parle (association de conteurs vaudois) et de la Slaam (Société lausannoise des amatrices et amateurs de mots).

Je participe également à l’organisation et à la mise en place de conférences pour Connaissance 3 – L’Université des seniors, Groupe de Morges.
Et enfin, « last but not least », je suis grand-mère très active de deux petits garçons.

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