Quelques sites pour nous aider à déjouer les fausses informations qui abreuvent la Toile et les réseaux sociaux.
Non, aucun mystérieux bateau équipé d’une centrale électrique n’a été filmé avant les inondations à Valence. Non le premier ministre français Michel Barnier n’a pas prévu une taxe de 25 euros par mois pour ceux qui sont exemptés d’impôt sur le revenu. Non, le gilet fluo ne sera pas obligatoire pour se balader en période de chasse. Non, Elon Musk n’a pas banni l’écrivain Stephen King de sa plateforme X.
Et pourtant, tout cela a été dit et entendu, écrit et lu ce mois encore sur la Toile et les réseaux sociaux. Toutes ces fakes news (littéralement, ces fausses informations) ont semé le doute, quand elles n’ont pas convaincu des milliers de personnes rien que ces quinze derniers jours, alors que l’élection américaine est derrière nous.
Plus que jamais, il convient de ne plus rien croire, et donc de ne plus rien «faire suivre» avant d’avoir vérifié son exactitude. De nombreux sites peuvent nous y aider, n’hésitez pas à les consulter:
> Hoasbuster, plateforme collaborative qui tente d’enrayer la propagation des canulars informatiques et des rumeurs non fondées circulant sur internet, mais qui vérifie aussi le sérieux de certaines informations étonnantes.
> Les décodeurs, où le travail certes un peu franco-français mais irréprochable d’une équipe de journalistes du quotidien Le Monde, permettant d’évaluer la fiabilité de certaines informations douteuses.
> Vrai ou faux, site de la référence France-Info, regroupant les contenus de plusieurs rubriques spécialisées dans l’analyse des fakes de la radio FranceInfo, de la chaine France 2, de l’INA et de Arte.
> CheckNews: même travail de fourmis, mais des journalistes du quotidien français Libération. Avec la même petite restriction de fond: c’est très franco-français.
> Fact-checking, du magazine en ligne 20 minutes. Même objectif: tordre le coup aux informations bidons. Bien fait, plus «populaire» (comprenez que le site s’intéresse aussi aux stars et aux sujets plus légers) et régulièrement entretenu.
Même la presse «sérieuse»
Là où les choses se gâtent, c’est lorsque ce ne sont même pas des fakes qui nous désinforment, mais les raccourcis (ou la recherche du sensationnel, histoire de rester concurrentiel face aux réseaux sociaux) de journalistes pourtant bien formés.
Exemple: fin octobre, lors d’un meeting électoral de Donald Trump au Madison Square Garden, un triste humoriste américain, Tonnis Hinchcliffe, sort une blague raciste devant plusieurs milliers de personnes: «Il y a une île flottante d’ordures au milieu de ce monde en ce moment. Elle s’appelle Porto-Rico». Quelques jours plus tard, interpellé sur cette insulte lors d’un appel vidéo avec une organisation latina, le président Joe Biden, répond: «Les Portoricains du Delaware sont des gens décents et honorables. Les seules ordures que je vois flotter autour d’ici sont celles [des partisans de Trump]. »
Immédiatement, l’équipe de Trump, suivie par la presse américaine qui le soutient, puis par TOUTE la presse, même internationale, y compris la plus sérieuse (ici France-Info, la RTS, etc.) titrent: «Biden a traité d’ordures les partisans de Trump», souvent en excluant le contexte (réaction à une blague raciste) et rarement en décortiquant ce qu’il a exactement dit.
Allez savoir… Peut-être bien que Biden a, en effet, voulu ce raccourci, même s’il a rapidement prétendu le contraire. Mais le moins que l’on se doive d’écrire, c’est que le doute lui profite. On ne peut pas, en effet, faire un scoop en omettant de préciser qu’il s’agissait d’une réplique à une provocation, sans équivoque elle, du camp adverse devant quelques milliers de personnes. Et si l’on écoute bien l’enregistrement, au vu des subtilités de la langue anglaise, on peut très bien admettre qu’il voulait parler des partisans qui ont lancé cette provocation, sans l’amplifier aux 76,5 millions d’Américains qui ont finalement soutenu Donald Trump.
On le voit: il n’y a ici ni fakes, ni complot, simplement une tendance de la presse à imiter les réseaux sociaux en fonçant sur l’info, quitte à n’en retenir que ce qui va permettre de l’exploiter. Or, comme le proclame France-Info à longueur d’ondes, on ne peut s’arrêter à «juste l’info», on a besoin de «l’info juste»!