En Suisse, 20% des personnes âgées de plus de 65 ans consomment des benzodiazépines, dont du lorazépam. Ce chiffre augmente malheureusement avec l’âge.
Les troubles du sommeil affectent 40% des séniors. A cet âge, il s’agit souvent d’une problématique qui persiste pendant de longs mois, voire des années. La souffrance liée au manque de sommeil conduit encore fréquemment à la prescription de lorazépam. L’autorisation de mise sur le marché précise que le lorazépam peut être utilisé pour traiter des états anxieux et pour le traitement de courte durée (jusqu’à 2 semaines) des troubles du sommeil d’origine anxieuse ou tensionnelle.
L’utilisation prolongée de ce médicament pour des troubles du sommeil est problématique. Avec le phénomène d’accoutumance, le lorazépam perd rapidement sa modeste efficacité. Sa consommation augmente le risque de présenter une somnolence diurne, d’être victime de chutes et d’accidents de la circulation. Elle pourrait également accélérer le déclin cognitif.
Les spécialistes du sommeil préconisent de mettre l’accent en premier lieu sur l’hygiène du sommeil :
• Éviter la caféine 4 à 6 heures avant le coucher
• Éviter de fumer à l’heure du coucher
• Éviter de consommer de l’alcool près de l’heure du coucher
• Favoriser l’activité physique durant la journée
• Privilégier un environnement confortable, sombre et calme dans la chambre à coucher
Si ces mesures ne suffisent pas, les thérapies cognitivo-comportementales peuvent être envisagées. Elles aident à identifier et modifier les pensées et comportements négatifs liés à l’insomnie. Elles comprennent:
• La restructuration cognitive : pour changer les croyances erronées sur le sommeil.
• La thérapie comportementale : pour établir des habitudes de sommeil saines.
• La restriction du sommeil : pour consolider le sommeil profond.
• La thérapie de contrôle du stimulus : pour associer le lit et la chambre au sommeil et non à l’éveil.
Les thérapies cognitivo-comportementales peuvent être dispensées en présentiel ou via des applications numériques, offrant ainsi une accessibilité accrue.
Dans la mesure du possible, une benzodiazépine ne devrait pas être prescrite pour des troubles du sommeil.
Faut-il arrêter de consommer du lorazépam si on en prend depuis longtemps ?
Il est très difficile d’arrêter de prendre du lorazépam lorsqu’on y est habitué. L’arrêt brusque expose à l’inconfort d’une aggravation de l’insomnie et de l’anxiété. Il peut même provoquer une crise d’épilepsie. La décision d’arrêter la prise de loraépam et ses modalités pratiques, en particulier la réduction progressive des doses sur plusieurs semaines et la prescription éventuelle d’un médicament de substitution, doivent impérativement être discutés avec le médecin-traitant.
Conclusion
La pénurie de Temesta nous invite à repenser notre approche des troubles du sommeil. Privilégions les mesures d’hygiène du sommeil et au besoin les thérapies cognitivo-comportementales. Réservons le lorazépam aux situations aiguës et de courte durée, mieux : abstenons-nous. L’arrêt d’un traitement prolongé doit toujours se faire sous supervision médicale.
Pour en savoir plus:
https://ind.obsan.admin.ch/fr/indicator/obsan/troubles-du-sommeil
https://www.agemig.ch/images/pdf/fc20241003/fc20241003_PresentationPerogamvros.pdf
https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD003161/references/pl
https://www.has-sante.fr/jcms/p_3534337/fr/quelle-place-pour-les-benzodiazepines-dans-l-insomnie