A près de 88 ans et 62 ans de mariage, je me suis retrouvé en quelques secondes proche aidant de mon épouse qui n’a pas résisté à la fracture du col du fémur. En quelques secondes votre vie de couple change, mais si vous êtes seul(e), les conséquences sont encore bien plus déstabilisantes.
Avant toute chose, il faut être reconnaissant à tout le personnel qui va nous prendre en charge. J’écris bien « nous » car l’accompagnant de la personne accidentée devient de facto l’interlocuteur du personnel hospitalier qui vous accueille. Il y a une multitude de questions fondamentales nécessaires avant de commencer la prise en charge médicale à proprement parler.
Dans une récente rencontre sur la fin de vie, j’ai entendu une personne qui dans ses déclarations anticipées (que je recommande à chacun de remplir) a stipulé qu’elle ne voulait pas être réanimée et qu’elle avait bien de la peine à le faire savoir à l’accueil. Si vous arrivez conscient, il en sera pris note immédiatement. Si vous arrivez inconscient, c’est plus difficile car le devoir du médecin est de vous sauver la vie, ce bien très précieux. Cette transmission d’information reste difficile. On ne va quand même pas vous graver un numéro sur la peau, de sinistre mémoire.
Après cette première épreuve, vous allez probablement passer beaucoup de temps à attendre. On prend en charge en premier les cas qui ne peuvent pas attendre. Si donc vous devez attendre, c’est que votre cas n’est pas désespéré, donc bonne nouvelle. Mais pas pour l’accompagnant pour qui vous êtes la personne la plus importante dans ce fourmillement de blouses blanches. La personne seule, elle, doit ronger son frein. Le proche aidant commence à comprendre qu’il lui faudra désormais beaucoup d’amour et de patience pour de longues semaines voire davantage. Le proche aidant n’est pas forcément un proche dans la vie quotidienne normale, mais quelqu’un qui tout simplement aime son prochain.
C’est pourquoi ils sont à mon avis également des proches aimants. Merci et courage !