En ce début d’année, nous avons été gâtés par un temps printanier avec un beau soleil et de magnifiques levers et couchers de soleil ! Pas besoin d’aller les admirer dans les pays chauds !
Puis les semaines de pluie sont arrivées surtout dans le Nord de la France avec de gros dégâts. Ce n’est pas une raison pour ne pas mettre le nez dehors et s’activer. Alors me voilà partie pour faire le tour du village, direction la boulangerie tee-room du village. Ouf ! Il ne pleut pas, mais c’est terriblement sombre.
En entrant dans la chaleur et les bonnes odeurs de pain de la boulangerie, à mon étonnement, je distingue des visages connus, surtout des gens vivant seuls, attablés devant un café, l’air pensif. Nous nous saluons et nous prenons des nouvelles de chacun tout en se souhaitant « une Bonne année ! » mais, intérieurement, pensons-nous vraiment que cette année sera « Bonne »? Avec toutes ces guerres autour de nous, j’en doute. Comment pouvons-nous en être convaincus? Bon, comme dit le dicton: « l’homme vit d’espoir » et c’est tant mieux !
Dans l’attente de passer à la caisse pour payer mon pain, j’observe une dame âgée, ayant de la peine à marcher qui entre timidement dans la boulangerie. Elle s’arrête, paraît essoufflée. Elle regarde autour d’elle et jette un léger « Bonne année », qui finit dans un murmure. Les conversations s’arrêtent, les gens jettent un regard gêné sur l’habillement de la dame qui porte une longue robe rouge et une veste de ski plutôt orangée. Un petit capet rouge et de jolis escarpins de la même couleur accompagnent le tout. J’entends des petits rires étouffés vers les tables du fond.
La dame attend son tour pour passer à la caisse, tenant d’une main son pain et de l’autre un gros sac noir bien usé et qui a l’air lourd. Je la vois se sentir mal à l’aise dans cet environnement où l’ambiance est froide malgré les délicieuses odeurs.
Là, je me dis que l’être humain est parfois bizarre. Il a de la peine à accepter ce qui sort de son cadre habituel, surtout si l’autre n’est pas conforme selon son point de vue. Sommes-nous vraiment prêts à accepter l’autre comme il est ? Non, ce n’est pas le cas. On se méfie, on ne connaît pas… la différence est là !
Une fois dehors je remarque que la dame se penche vers un joli chien dont je ne connais pas la race. Je me permets de l’accoster pour lui demander si elle a besoin d’aide pour porter son sac. Étonnée, cette dernière me regarde avec des yeux bleus très doux, me sourit et me remercie avec un accent slave : « Vous êtes la première personne cette année à remarquer que je suis vraiment vieille et que j’ai besoin d’aide. Merci. Je l’accepte volontiers ». C’est ainsi que nous faisons un bout de chemin ensemble. La dame a du plaisir à parler. Nous échangeons sur la solitude, les évènements qui se passent entre la Russie et l’Ukraine. La dame m’a l’air de connaître parfaitement les faits du jour !
Nous arrivons devant son appartement, situé dans une maison nouvellement construite et là, devant sa porte, elle me dit : « Vous savez, je suis venue me réfugier dans ce village car j’ai beaucoup voyagé et je recherche le calme. Durant une vingtaine d’années, j’ai été responsable en partie de la formation de jeunes de l’École de ballet du Bolchoï à Moscou. Mon mari a pris la nationalité suisse, mais il est décédé il y a peu. Ainsi, je suis ici. J’espère que je vais pouvoir être autonome le plus longtemps possible. Vous avez été très serviable et cela me fait chaud au cœur. Merci ! Spassiba! » Je la quitte, pensive.
En résumé, cette dame si digne mais différente des autres était porteuse d’espoir au milieu des villageois. La tolérance, l’empathie et l’acceptation de l’autre, voilà pensais-je, des qualités que nous pourrions acquérir tout au long de cette année 2024 !
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