Vie amoureuse, sexuelle des seniors, un tabou ?

Il est vrai que l’on imagine mal une grand-mère amoureuse, un grand-père séducteur… ou l’inverse.

ll y a cependant, au-delà du tabou, deux facteurs qui peuvent faire craindre la rencontre amoureuse au grand âge et conduire même à la refuser : d’une part, le vieillissement du corps, d’autre part la perception du  temps qui rétrécit devant soi.

Le corps d’abord. Qui d’entre nous échappe à l’idée que la sexualité, c’est pour les corps beaux, jeunes, en bonne santé et prêts à conquérir le monde ? Or, nos corps à 70, 80 ans n’ont rien à voir avec ces normes-là. Nous voilà ridé.e.s, un peu flasques, un peu sèches (pour les femmes), un peu moins performants (pour les hommes). Gros ventres, seins tombants, peaux marquées, articulations douloureuses… on ne se fait pas franchement envie quand on se regarde dans le miroir. Alors l’Autre, que va-t-il/elle voir de désirable ? Les femmes sont probablement plus vulnérables à cet égard que les hommes mais ceux-ci ont aussi leurs craintes, notamment celle de « ne pas pouvoir ».

Le temps ensuite. Nous avons, depuis l’enfance, l’habitude de nous projeter loin dans le futur. De faire des projets. De croire au progrès. « Et si je fais ceci, je pourrai – à terme – faire cela, réaliser mes rêves, peut-être vivre mieux. » Ainsi, nous investissons notre énergie, nos cœurs, nos émotions dans l’espoir d’un rendement à long terme. Mais à 70 ou 80 ans, nous commençons à savoir quel sera le « terme ». Vaut-il vraiment la peine d’investir dans une nouvelle relation ? De courir les risques que cela comporte ?

Quand on y réfléchit, cependant, la perception de ces deux aspects fondateurs de notre évolution est très souvent dictée par des normes et des injonctions extérieures à nous-mêmes du genre « soyez fit, soyez beaux » ou « l’amour, c’est pour la vie » ou « quand on est vieux, c’est fini, tout ça ». Et si ces normes ont autant de poids, c’est entre autres parce que nous connaissons très peu ce que vivent réellement ceux et celles qui, au grand âge, s’engagent dans une relation nouvelle. Nous n’avons, pour nous éclairer, que la parole des spécialistes et parfois des magazines.

En écrivant mon récit Fragments d’un amour tardif, j’ai voulu justement amener mes lectrices et lecteurs dans l’intimité de mes personnages. Elsa et Gautier, à plus de 70 ans, osent, eux, se lancer dans une relation amoureuse. A travers le regard d’Elsa, vous allez pouvoir suivre les premières étapes d’une rencontre faite de pudeur, de craintes mais aussi de désir et de bonheurs inattendus. Par leur attention l’un à l’autre, ce couple naissant oubliera le vieillissement des corps et mettra de côté la menace du temps. Si bien que, finalement, ce qu’ils vont vivre ne sera pas très différent de ce que peuvent connaître à tout âge les couples qui sont prêts à assumer le risque amoureux.

Rédigé par Mary Anna Barbey, notre invitée du BLOG

Ecrivaine, romancière, essayiste, Mary Anna Barbey est l’autrice d’une douzaine de livres. Elle a travaillé comme conseillère en planning familial puis, en tant que journaliste, s’est spécialisée dans les domaines concernant le couple et la santé sexuelle. En1980, elle a créé les premiers ateliers d’écriture de Suisse romande. Mère, grand-mère et arrière-grand-mère, elle vit en couple dans le canton de Vaud. Elle approche des quatre-vingt-dix ans.

Son livre Fragments d’un amour tardif,  paru au mois d’août de cette année,  peut s’acheter en librairie ou être commandé directement sur le site de l’autrice : http://www.maryanna-barbey.com/


Rédigé par INVITE du BLOG

    Toutes les publications

    Une remarque, une question? Laissez-nous un commentaire.

    Votre adresse e-mail ainsi que votre âge ne seront pas publiés. Les champs obligatoires sont indiqués avec *