Octobre 2023, voyage en train de Lausanne à Bordeaux en passant par Paris.
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Pendant le voyage, j’ai souffert d’une toux fréquente et d’une fatigue persistante. A l’arrivée à Bordeaux, après avoir déposé les bagages à l’hôtel, ma compagne et moi-même avons visité quelques sites et avons réservé une table au «café des Gourmets» repéré dans un guide local.
Les mets d’apparence très enthousiasmante me semblaient insipides ! Avec la fatigue du voyage, la 1re urgence fut d’aller se reposer. Peine perdue, des quintes de toux toutes les 30 secondes rendaient cette mission impossible. Mon amie a même pensé à redescendre à la réception demander une 2e chambre pour échapper à ces manifestations intempestives. Heureusement, elle a eu l’idée de me proposer un relaxant issu de sa pharmacopée qui nous a permis à tous les deux de trouver le sommeil.
Le lendemain, en appliquant le complexe d’huiles essentielles avec lequel je luttais habituellement contre le rhume, j’ai eu la confirmation de la perte quasi complète de mon sens de l’odorat. Lors des repas suivants, il me semblait ressentir vaguement quelque chose après mastication, en rétro-olfaction, mais c’était assez subjectif. J’avais tellement envie de sentir quelque chose !
Quelques jours plus tard, nous avons retrouvé des amis à San Sebastian, capitale de la gastronomie basque espagnole (un comble quand on ne sent plus les odeurs), puis nous avons traversé la France en longeant les Pyrénées jusqu’à Banyuls. Les vins mutés de Maury et ceux de Banyuls m’ont confirmé que mon goût n’avait apparemment pas été altéré, car la perception du sucre était toujours bien présente.
Etape à Carpentras. Arrêt dans le restaurant Chez Serge, spécialiste de la truffe. Un vrai gâchis, car seuls mes yeux me confirmaient que je mangeais de la truffe !
Je me suis alors documenté sur la perte de l’odorat et j’ai augmenté mon «champ lexical» avec les mots : anosmie, hyposmie, dysosmie, parosmie, phantosmie, hyperosmie.
Je vous propose à ce stade un petit jeu étymologique. Essayez de relier chacun des mots ci-dessus avec les troubles de l’odorat décrits ci-dessous :
1) Sensibilité accrue aux odeurs
2) distorsion des odeurs vers une sensation désagréable
3) odeur sentie en permanence
4) perte de l’odora
5) sensibilité moindre aux odeurs
6) perception d’une mauvaise odeur pourtant non présente.
Pour les réponses, lire l’article suivant, publié sur internet par l’Association «Santé respiratoire France» :
https://sante-respiratoire.com/pourquoi-faut-il-suivre-une-reeducation-olfactive-apres-une-covid-19
Je suis arrivé ensuite sur le site de l’Association anosmie.org qui mettait à disposition gratuitement un protocole de rééducation de l’odorat élaboré par Jean-Michel Maillard, président de l’Association anosmie.org et lui-même anosmique et par Hirac Gurden, directeur de recherche en neurosciences au CNRS à Paris. Ce protocole est basé sur de nombreuses publications de l’équipe de recherche de Thomas Hummel à Dresde. Voici le lien de téléchargement de ce protocole :
https://www.anosmie.org/@medias/docs/PRO/P.R.O-V1.1F.pdf
Au bout de quelques semaines, j’ai téléchargé le protocole et j’ai commencé un rituel biquotidien de 24 semaines (~20 séances manquées par oubli ou par lassitude). Il s’agissait de respirer de 4 à 6 huiles essentielles (liste dans le protocole) pendant 30 secondes, puis de faire une pause de 30 s, d’abord en aveugle, puis en sachant laquelle on respirait.
Dans la séance en aveugle, le but est de se concentrer sur la perception d’une sensation. Dans la séance où l’on sait ce qu’on respire, le but est de mobiliser la mémoire des odeurs qui est liée aux souvenirs, aux émotions et à la mémoire sémantique[1].
Après 1 semaine, j’ai eu une sensation assez nette en respirant l’huile essentielle de menthe, puis avec l’huile essentielle d’eucalyptus, 1 à 2 semaines plus tard. Un mois plus tard, l’huile essentielle de clou de girofle est reconnue. J’ai attendu la 18e semaine pour reconnaître avec quasi-certitude l’huile essentielle de citron et je ne percevais qu’une fois sur trois une trace subjective de sensation avec l’huile essentielle de géranium rosat.
J’ai arrêté le protocole en avril 2024 et j’essaie depuis d’être attentif à tous les stimuli olfactifs que je rencontre. J’ouvre toute les boîtes et bouteilles que je croise et je suis à même de reconnaître l’odeur de la fève tonka, de la truffe (ouf !), de la cannelle, des graines de fenouil (et du pastis !) de la benzine rectifiée (comme fils de garagiste, j’ai été pompiste occasionnel à une époque où il n’y avait pas d’automates !).
Par contre, il y a quelques semaines, j’ai commencé à préparer un coulis de framboise pour le dessert et j’ai eu l’imprudence de passer au salon où la TV allumée diffusait le match Italie-Suisse. Au bout d’un certain temps (plusieurs dizaines de minutes), le fils de ma compagne est arrivé pour me signaler que le contenu de ma casserole était en train de dégager de la fumée qu’il sentait depuis son appartement à l’étage supérieur ! Je ne sens plus l’odeur de nourriture grillée, par contre je suis sensible aux arômes dégagés par la réaction de Maillard[2].
Après l’arrêt du rituel systématique, j’ai acheté fin juin le livre coffret de Jean Lenoir «Le nez du vin». Je viens de commencer la suite de ma rééducation par les 10 premiers flacons et j’ai eu l’immense plaisir de reconnaître immédiatement l’odeur de la banane. Il y a deux jours, en cuisinant, j’ai ouvert un tube de gousses de vanille et là aussi : une perception instantanée de l’odeur.
Je vais donc continuer à essayer de récupérer la plus grande partie possible de mon ancienne bibliothèque d’odeurs et espère vous avoir intéressé avec ce sujet très sérieux. Je forme mes meilleurs vœux de récupération à toutes les personnes atteintes par des troubles de l’odorat et du goût.
Je vous livre en vrac les liens que j’ai consulté lors de mes recherches sur les conséquences et les pistes de rééducation après une perte de l’odorat.
https://www.santemagazine.fr/traitement/anosmie-comment-retrouver-son-odorat-866454
[1]https://sante-respiratoire.com/pourquoi-faut-il-suivre-une-reeducation-olfactive-apres-une-covid-19/
[2] https://www.alimentarium.org/fr/savoir/la-reaction-de-maillard